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Suspension de la réforme des retraites

“La citation du jour : Qui veut voyager loin laisse son téléphone à la maison.”

On nous dit qu’on gagne trois mois.
Trois mois de répit, trois mois de dialogue, trois mois pour « revoir les choses ».

Moi, je n’y vois pas un gain.
J’y vois une perte nette : un an et neuf mois de plus à attendre, à calculer, à tenir, avec une échéance floue qui continue de peser sur celles et ceux qui n’ont déjà plus de marge.

Parce que rien n’est réglé.
Parce que la question n’est pas tranchée.
Parce que la fatigue, elle, ne se suspend pas.

Dans les discours, le travail n’existe pas.
Dans la réalité, il a un poids, une cadence, une usure.
Il use les dos, les genoux, les nerfs, les poumons.
Il n’use pas de la même façon un cadre et un manutentionnaire, une infirmière et un consultant, un ouvrier du bâtiment et un décideur en fin de carrière.

Trois mois de plus, ce n’est rien pour ceux qui ont des postes protégés.
C’est énorme pour celles et ceux qui comptent les trimestres en regardant leur corps lâcher avant les chiffres.

On parle d’effort collectif, mais l’effort n’est pas réparti.
On parle d’équilibre financier, mais jamais d’équilibre humain.
On parle de statistiques, mais rarement de pénibilité vécue.

Cette suspension ne change rien à l’injustice de fond : ce sont toujours les mêmes métiers qui paient, toujours les mêmes parcours hachés, toujours les mêmes vies raccourcies par le travail.

Ce n’est pas un sursis, c’est un report.
Pas une victoire, mais un ajournement.
On temporise pendant que les plus fragiles continuent d’encaisser.

Trois mois « gagnés », disent-ils.
Mais quand on travaille dur, quand on tient par habitude plus que par choix,
le temps ne se gagne pas.

Il s’use.




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