Epices et secrets : mon été avec le vrai massalé

“La citation du jour : La vérité blesse, mais le mensonge tue lentement.”

Il y a des souvenirs de voyage qu’on garde dans la tête… et d’autres qu’on garde dans le nez et sur la langue. Cet été à La Réunion, j’ai eu droit aux trois d’un coup, grâce à une femme qui m’a expliqué l’art du massalé malbar.

Tout a commencé quand je lui ai dit, un peu timidement :
— “J’aimerais bien goûter le vrai massalé… mais sans piment.”
Elle m’a regardé avec un mélange de surprise et d’amusement, comme si j’avais demandé du chocolat chaud… sans chocolat.
Puis, avec bienveillance, elle a souri :
— “Pas de problème, on va faire doux… mais ce sera quand même du massalé !”

Les graines du secret

Sur la table, elle avait disposé ses petits tas : coriandre, cumin, fenugrec, moutarde, poivre noir, clous de girofle, cannelle, un peu de cardamome.
Normalement, quelques piments secs complètent le tableau… mais cette fois, rien.
Elle m’a montré comment les manipuler, les griller et les piler, mais elle n’a jamais donné les proportions exactes. Tout un art reposant sur l’œil, le geste et l’expérience.

La poêle en fonte

Elle a fait chauffer une vieille poêle. Les graines ont glissé dedans.
Ça craquait, ça chantait, et ça parfumait toute la cuisine. Elle m’a prévenu :
— “Il faut griller juste ce qu’il faut… sinon, le massalé devient amer.”

Le mortier

Puis vint l’étape la plus physique : le pilon. Les graines grillées, encore chaudes, sont passées dans un mortier. Elle pilait avec un rythme régulier et assuré.
Rien qu’en la regardant, j’avais l’impression d’avoir fait ma séance de sport de la journée.

La poudre magique

Peu à peu, le mélange s’est transformé en une poudre brun doré, parfumée, envoûtante.
Elle m’a tendu une pincée à goûter.
Révélation : intense, profond, mais pas brûlant. Un massalé “doux”.
— “Vous voyez ? Même sans piment, il garde tout son caractère !” a-t-elle dit en riant.

Je dois l’avouer : je n’ai pas encore goûté ce massalé dans un cabri. Mais franchement, rien qu’à sentir son parfum, j’étais déjà conquis. L’odeur seule suffisait à me convaincre.

Je suis reparti avec 3 boites mais surtout avec une grande leçon.
Le massalé, ce n’est pas seulement des épices : c’est de la mémoire, de la transmission, de l’âme en poudre. Et un peu de mystère aussi : sans les proportions exactes, chaque préparation devient unique.