Le naufrage du Nossa Senhora Das Vítoria : aux origines d’une famille réunionnaise
“La citation du jour : La chance, c’est comme les toilettes : quand on en a besoin, y’a toujours quelqu’un dedans.”
Il y a quelques années, j’ai décidé de remonter le fil de mes origines, du côté de ma mère.
Comme beaucoup, j’ai commencé par fouiller Internet, sans trop savoir ce que j’allais trouver.
Et puis, de clic en clic, je suis tombé sur une histoire incroyable : celle d’un soldat portugais, naufragé en 1746 à La Réunion.
Un homme que je ne connaissais pas encore… mais dont je suis issu.
Quand un naufrage devient une racine
Le 6 avril 1746, une tempête terrible s’abat sur les côtes de l’île Bourbon — qu’on appelle aujourd’hui La Réunion. Ce jour-là, un navire portugais du nom de Nossa Senhora Das Vítoria se fracasse dans la baie de Saint-Paul. À son bord : des soldats portugais de retour des Indes, fatigués, ballotés, et loin d’imaginer que leur destin allait se mêler à celui d’une petite île perdue au milieu de l’océan Indien.
Environ 300 habitants de l’île plongent alors dans les eaux furieuses pour sauver ces naufragés. Un acte de bravoure dont on parle encore dans les vieux quartiers de Saint-Paul.
Parmi ces rescapés : João Matheus FERREIRA, officier portugais né le 15 septembre 1717 dans les Açores. Un homme venu de loin, qui ne savait pas encore qu’il allait jeter l’ancre définitivement ici, et surtout… fonder une famille réunionnaise.
De João à Jean Mathieu
Alors que la plupart de ses compagnons reprennent le large huit mois plus tard, João reste. Il devient Jean Mathieu FERRERE, qu’on surnommait “Matisse”. Le bonhomme s’intègre, apprend la langue, épouse une fille du pays : Barbe HOARAU, et adopte la nationalité française. Ensemble, ils posent la première pierre d’une lignée créole qui court encore aujourd’hui dans les rues de Saint-Paul, dans les hauts de Saint-Leu, et même dans les cafés parisiens.
Et devinez quoi ? Je suis l’un de ses descendants.
Généalogie d’un naufrage heureux
Un petit bout d’arbre généalogique pour la route :
- João Matheus FERREIRA (1717 – 1780)
- → Pierre Mathieu FERRERE (1754 – 1836)
- → Pierre Antoine Odifax Morainville FERRERE (1788 – 1812)
- → Pierre Morinville FERRERE (1812 – 1863)
- → Joseph FERRERE (1854 – …)
- → Marie Anna FERRERE (1887 – …)
- → Just F…… (1896 – 1965) & Philomène R…… (1899 – 1969)
- → T………….. & M…………………….
- → …et la famille continue, ici et là-bas.
Une histoire parmi tant d’autres
Ce naufrage, c’est plus qu’un épisode maritime. C’est un point de départ. Celui d’une lignée, d’une mémoire, et d’un rappel que nous, Réunionnais, sommes souvent le fruit de croisements inattendus. Entre un soldat portugais échoué et une fille du pays, entre un Poitevin débarqué en 1787 et une esclave affranchie, entre les vents d’Est et les vagues du large.
Je poursuis d’ailleurs mes recherches du côté paternel. Un certain François G…, né le 31 mars 1772 à Arçay, dans la Vienne, et arrivé ici en 1787, mérite aussi qu’on raconte son histoire. Mais ça, ce sera pour un prochain billet…
Une racine venue de la mer
Quand je repense à ce soldat portugais échoué en 1746, je me dis qu’un simple naufrage peut devenir une racine. Et qu’au fond, nous sommes tous un peu des enfants de la mer et du hasard.
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