En général, cela commence presque toujours comme le message ci-dessous.
De décembre à mars, c’est l’été à la Réunion et celle aussi des cyclones.
Ce mardi 25/02/2025, une dépression tropicale se forme actuellement à l’Est de Madagascar, à un peu plus de 500 km au Nord-ouest de La Réunion, son nom Garance.
Sa naissance et son évolution rapide à proximité de La Réunion rendent la situation particulièrement évolutive et incertaine.
Sa trajectoire est prévue entre La Réunion et Maurice entre mercredi soir et vendredi prochain, mais reste à confirmer.
Cette dépression pourrait s’intensifier en tempête tropicale d’ici mardi soir ou mercredi. Une évolution en cyclone tropical est possible mercredi ou jeudi. L’île Maurice a déclenché également ce lundi un avertissement de classe 1 pour inviter la population à prendre «les précautions préliminaires».
Source
Lorsque je vivais encore sur l’île, je me rappelle bien de ce genre de message à la radio.
La nuit avant l’arrivée du cyclone, le silence précède la tempête répétait les anciens du village.
Il y a des nuits qu’on n’oublie pas.
Celles qui précèdent l’arrivée d’un cyclone en font partie.
À La Réunion, ces moments sont gravés dans ma mémoire, mêlant attente et appréhension.
Un calme étrange
La veille d’un cyclone, tout semble différent.
Le vent se tait.
Les oiseaux disparaissent.
L’air devient lourd.
Ce silence inhabituel enveloppe l’île, et la nuit semble suspendue dans le temps.
Les volets et portes sont fermés, les réserves d’eau, de bougies, de piles et de nourriture sont là.
La radio, notre seul lien avec l’extérieur, diffusait des bulletins météo à intervalles réguliers.
« Le cyclone est à 300 kilomètres des côtes. Préparez-vous. » Ces mots résonnent encore…..
Mais peu à peu, le silence se fissure.
Un bruit sourd monte au loin, comme un grondement dans la nuit.
Les premières rafales commencent à souffler.
À chaque coup de vent, je sentais la case frémir avec parfois du bruit de la tôle sur le toit causé par la pluie ou d’objets divers.
Je n’arrivais pas à trouvé le sommeil.
Les adultes, eux, tentaient de masquer leur inquiétude, mais je les voyais jeter un œil anxieux par les interstices des volets.
Ma mère commençait à égrener son chapelet en priant. Elle à connu de grands cyclones qui ont été très dévastateurs.
Chaque bruit devenait une alerte.
L’imagination faisait le reste.
Le cyclone dont je vous parle c’est Hyacinthe en janvier 1980.
Cette nuit-là, allongé dans le noir, la peur commençait à m’envahir.
Comment décrire cette sensation, si typique des cyclones ?
Une partie de moi voulait que le vent hurle, que la pluie s’abatte, comme pour briser cette attente insupportable. L’autre partie espérait que tout cela n’arrive pas, qu’il passe au large et nous épargne.
Cette nuit de janvier 1980, la case était étrangement silencieuse.
Même les chiens, d’habitude qu’on entendait aboyer au moindre bruit, semblaient comprendre que quelque chose de grave se préparait.
Puis, il y avait les autres animaux.
Les quelques poules et canards, qu’ont mettait à l’approche des cyclones dans la salle de bains.
On ne les entendait pas non plus.
Quelquefois, il y avait aussi des invités surprises. Par exemple, ce petit lézard qu’on appelle margouillat à la Réunion, immobile sur l’évier dans la cuisine.
Au matin, après la fureur du vent et de la pluie, venait le temps du bilan.
On sortait prudemment, observant les dégâts, cherchant du regard les visages familiers des voisins.
Le silence d’après-tempête était aussi saisissant que celui de la veille, mais il portait une autre émotion : celle du soulagement.
Les arbres tordus, les branches cassées par le vent, portent les cicatrices du cyclone, et au pied de ces arbres malmenés, le sol se couvre de trésors inattendus : des fruits tombés par dizaines jonchaient le sol.
Il y avait des mangues, des bananes, des avocats et autres….C’était les premières victimes de la colère du ciel.
Dans ce chaos naturel, il y avait aussi un étrange sentiment de renouveau.
L’île, meurtrie mais debout, reprenait vie.
On réparait les toits, on ramassait les branches cassées, et surtout, on racontait.
Chaque cyclone laissait son lot d’histoires que l’on se transmettait, génération après génération.
Ces nuits-là, d’attente et de peur, sont gravées en moi, et me rappelle toujours que la nature est toujours souveraine et indomptable.
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