Aujourd’hui, j’ai envie de pousser un coup de gueule.
Pas un ti coup de gueule, un bon coup de gueule façon tambour maloya, qui résonne loin et longtemps.
Parce que y en a marre qu’on nous serve du copier-coller venu d’ailleurs, marre de voir nos traditions passer pour des « folklore kitch » à sortir une fois l’an pour la Fête Caf ou les cérémonies touristiques.
La culture réunionnaise, ce n’est pas une carte postale.
C’est un héritage vivant, un art de vivre, un combat quotidien.
On n’est pas une case musée
Oui, on a des roulèr, des kayanm, des bobres, des pique-niques dans les hauts et des marmites sur des feux de bois.
Oui, on cause créole, on mange bouchons et on danse le séga et maloya à la moindre occasion.
C’est une mémoire qu’on porte dans nos veines.
C’est le maloya qu’on a interdit jusqu’en 1981, qu’on chantait en cachette, dans les cours et les ravines.
C’est le créole, notre patois qu’on continue de faire vibrer dans nos chansons et nos kabars.
Firmin Viry, figure du maloya, disait :
« Le maloya, c’est le cœur du peuple. Si on l’arrête, c’est comme si le cœur s’arrêtait de battre. »
Quand la modernité oublie le respect
Ce que je vois aujourd’hui, c’est des terrains bétonnés à la va-vite, des quartiers historiques sacrifiés pour des résidences aux noms qui sentent plus la Côte d’Azur que le Grand Sud.
C’est des jeunes qui connaissent TikTok mieux qu’ils connaissent le nom de leur rivière ou de leur montagne.
Attention hein, je suis pas contre le progrès.
Mais le progrès sans mémoire, c’est comme un cari sans piment!!!
Le combat continue
Rappelle-toi que ce n’est pas si loin le temps où jouer du maloya pouvait te valoir des ennuis.
Des artistes comme Danyèl Waro, Granmoun Lélé, Ziskakan ont bravé l’interdit pour faire vivre leur art.
Le combat pour que le maloya soit reconnu Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en 2009, c’était pas pour décorer un musée, c’était pour rappeler que cette musique est un acte de résistance.
Danyèl Waro le disait lui-même :
« Si ou ainm pa out racine, ou ainm pa ou. »
Nos artistes engagés de l’île aujourd’hui
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Danyèl Waro
Le patriarche du maloya militant, toujours debout pour défendre la langue créole, les droits humains et la mémoire des ancêtres. Son maloya traverse les époques, chantant la liberté et la dignité. -
Grèn Sémé
Un groupe qui mêle poésie créole, maloya moderne et influences du monde. Leurs textes sont empreints de révolte douce et de questionnements sur l’identité réunionnaise. -
Lindigo
Mené par Olivier Araste, ce groupe défend un maloya roots et puissant, enraciné dans le respect des ancêtres et la communion populaire.
5 combats culturels réunionnais à connaître absolument
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La reconnaissance du maloya
Longtemps interdit, assimilé à une musique subversive, le maloya a été persécuté jusque dans les années 80.
Grâce à des figures comme Firmin Viry, Granmoun Lélé et Danyèl Waro, il a été inscrit en 2009 au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO. -
La bataille pour la langue créole
Interdit dans les écoles et dans l’administration, le créole réunionnais a été longtemps méprisé.
Des militants comme Jean Albany et Boris Gamaleya ont œuvré pour sa reconnaissance. -
La sauvegarde des cases créoles
Avec la bétonisation galopante, les vieilles cases créoles disparaissent.
Des passionnés se battent pour restaurer ces trésors d’architecture populaire. -
La préservation des fêtes traditionnelles
Dipavali, Fête Caf’, Fèt Goyavier… Ces fêtes fortes résistent à la standardisation culturelle grâce aux associations et aux artistes. -
La mémoire des engagés et des esclaves
Historiens, associations et artistes s’activent pour exhumer cette mémoire. Le Mémorial de l’esclavage à Saint-Paul est un symbole fort de cette reconquête.
Défendre la culture réunionnaise, c’est un acte de survie, un acte politique, un cri du cœur.
Notre identité, notre langue, nos danses, nos histoires, ce sont les racines qui nous tiennent debout quand les vents du changement soufflent fort.
Gardons vivante la flamme de notre culture. Parce que c’est elle qui fait de La Réunion un bout de paradis unique au monde.
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