Y avait un parfum dans l’air ces soirs-là qu’on retrouve plus aujourd’hui. Un mélange de séga endiablé, de punch arrangé bien tapageur et de sueur de piste de danse.
« Té, y a bal ce soir ! » et hop, on mettait la plus belle chemise, les filles leurs plus belles robes.
A Saint-Pierre, direction Ti Barbe
Pour les bringueurs du Sud, le temple s’appelait Ti Barbe. Pas un petit bal péi non, une vraie grande boîte, avec un bar, une sono qui crachait fort!
C’est chez Ti Barbe que j’ai vu les premiers clips vidéo.
La piste de danse chauffait dès les premiers morceaux. Collé-serré, séga piqué, reggae et slows assassins. Les gars brillaient sous les néons avec leurs chemises satinées et les filles faisaient tourner leurs robes fleuries. Et quand enfin, vers 3 ou 4 heures du matin, que le patron éteignait les spots, personne n’avait envie de rentrer.
Le signal était clair : direction la plage de Saint-Pierre, au débarcadère.
Le sable encore chaud sous les pieds, la mer tranquille qui miroitait sous la lune. Les plus téméraires plongeaient tout habillés, d’autres s’installaient sur les galets à papoter et à rigoler. On ressortait de là trempés, sablés, et le cœur léger.
A l’Etang-Salé, c’était le Flamboyant
De l’autre côté, du côté d’Étang-Salé, c’était le salon Le Flamboyant qui attirait la foule. Pas une boîte de nuit, mais un grand salon dansant où les orchestres péi tenaient la scène toute la nuit.
Et là encore, quand les instruments se taisaient vers 3-4 heures du matin, ça criait dans la cour : « Allons la mer ! »
Direction la plage de l’Étang-Salé-les-Bains.
Les filaos qui grinçaient sous le vent, et cette grande étendue de sable noir qu’on croyait rien que pour nous. On courait, on rigolait, et on plongeait dans l’eau tiède. Les vagues un peu traîtresses emportaient la fatigue et les promesses du soir. Et quand le jour pointait, on rentrait chez nous en silence, les vêtements humides, les pieds pleins de sable et le cœur content.
Deux lieux, une même habitude : finir la nuit dans la mer
Aujourd’hui, les soirées y en a toujours, les décibels montent encore, et certains boivent leur rhum arrangé en terrasse branchée. Mais fini le temps où on poussait les watts jusqu’au petit matin sans que personne vienne râler. Plus beaucoup osent plonger dans la mer à 4 heures du matin sans selfie à la clé.
Moi, dans un coin de ma mémoire, Ti Barbe fait encore chauffer la piste, Le Flamboyant balance son dernier séga lent, et la mer attend patiemment sous la lune, prête à accueillir les bringueurs d’un soir ou les souvenirs lontan.
Et toi ? T’as connu ça ou tu vis encore des nuits comme ça ?
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