La fleur du sentier
Dans les hauts de l’île, près d’un sentier qui grimpe vers un vieux bassin caché, vivait une dame qu’on appelait Mamie Solange.
Une petite bonne femme toute ridée, le chignon serré comme les ficelles d’un paquet cadeau, et un sourire qui pouvait réchauffer un cœur en hiver austral.
Mamie Solange avait une passion : les fleurs sauvages.
Pas celles des jardins bien rangés, non.
Les petites fleurs courageuses qui poussent entre deux pierres, au bord des ravines, là où personne ne les regarde.
Chaque jour, elle partait avec son panier en osier et son sécateur rouillé pour cueillir ces merveilles oubliées.
Un après-midi, un garçon du quartier, Ti Malo, qui se sentait nul à l’école et inutile partout ailleurs, suivit la vieille dame sans qu’elle le voie.
Curieux de savoir pourquoi elle passait ses journées à parler toute seule aux fleurs.
Il la vit s’arrêter devant une petite fleur bleue qui poussait au bord du vide.
Mamie Solange se pencha et lui murmura :
— Toi aussi, petite fleur, t’as choisi le pire endroit pour pousser, hein ? Mais regarde-toi comme t’es belle. T’as pas attendu qu’on t’applaudisse pour fleurir.
Ti Malo, ému, sortit de sa cachette.
— Mamie… pourquoi vous faites ça ?
Elle sourit et dit :
— Parce que même ce qui semble petit et insignifiant a sa beauté. Et qu’on n’a pas besoin d’être le plus fort, le plus riche ou le plus vu pour avoir de la valeur. Ce qui compte, c’est de fleurir là où la vie t’a planté.
Ce jour-là, Ti Malo rentra chez lui avec une poignée de fleurs sauvages et une drôle de chaleur dans le ventre.
Des années plus tard, devenu jardinier paysagiste, il racontait souvent cette histoire. Et sur le mur de son atelier, il avait écrit en lettres peintes :
“Fleuris là où la vie t’a planté.”
En résumé :
Même si la vie ne te plante pas dans le meilleur endroit, fais de ton mieux pour fleurir là où tu es.
Que tu sois au bord d’un précipice, dans l’ombre ou loin du regard des autres, ta beauté, ta valeur et ce que tu es n’attendent pas l’approbation du monde pour exister.
On n’a pas besoin d’être le plus fort, le plus visible ou dans des conditions idéales pour briller. Ce qui compte, c’est de rester soi et de trouver un moyen d’apporter de la beauté et de la lumière là où on est.
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