Les parlementaires français se prononceront le mardi 18 février 2014 sur «la responsabilité morale de l’Etat» sur le transfert de 1600 enfants de La Réunion en métropole entre 1963 et 1982.
Entre 1963 et 1982, 1600 enfants réunionnais ont été transférés vers 64 départements, principalement dans le Sud-Ouest et le Massif central, des zones rurales vieillissantes.
«La majorité des enfants ont souffert de déracinement, de la déculturation et de racisme», explique l’historien Ivan Jablonka, auteur du livre Exil d’enfants.»
Ce mardi 18 février 2014, les députés vont se prononcer sur cette page oubliée de l’histoire contemporaine française.
Ils seront appelés à voter une «résolution mémorielle» sur cette affaire dite des «Réunionnais de la Creuse».
Ecoutez ci dessous l’historien Ivan Jablonka dans l’émission du mercredi 22 mai 2013, les oubliettes du temps par Dorothée Barba sur France Inter.
«Il est grand temps en 2014 de faire ce travail de mémoire et d’en parler sans être dans un esprit revanchard ni de victimisation», explique la députée PS réunionnaise Ericka Bareigts, à l’origine de cette initiative. Mais «il faut a minima reconnaître une responsabilité morale de l’Etat envers ses pupilles et nous demandons une connaissance historique approfondie», ajoute-t-elle. Cette action n’a qu’une valeur symbolique, la reconnaissance morale n’ouvrant pas droit à réparation. Le texte propose «que la connaissance historique de cette affaire soit approfondie et diffusée» et «que tout soit mis en œuvre pour permettre aux ex-pupilles de reconstituer leur histoire personnelle».
«On a menti aux familles et rien demandé aux enfants».
Michel Debré, élu député UDT (Union pour la nouvelle République) de La Réunion en 1963, a organisé ces transferts via la création du programme Bumidom, le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer. Son but: emmener des enfants réunionnais de la DDASS pour repeupler certains départements métropolitains dont la démographie était vieillissante.
Longtemps ignorée, l’histoire de ces enfants déracinés a pris une tournure judiciaire en 2001 lorsque Jean-Jacques Martial, placé en famille d’accueil à l’âge de sept ans en Creuse, a porté plainte contre l’Etat pour «enlèvement, séquestration de mineurs, rafles et déportation». Il a demandé un milliard d’euros de réparation pour son «enfance volée».
-«Un milliard, c’est comme un euro, c’était symbolique. Ça vaut combien l’enfance d’un enfant? La trahison des adultes, la déraison de l’Etat, les larmes des parents?», estime-t-il.
A lire : Génération brisée, Réunionnais de la Creuse, Les enfants de la Creuse par Brigitte Peskine et «Arrachée à son île» de Marie-Thérèse GASP.
En ce mardi soir, la « responsabilité morale » de l’Etat Français reconnue : à lire ici et là.
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